Danse-Lycée-Enseignements spécialité Art-Danse-Viviane CIRILLO

De Conservatoire EPS

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Viviane CIRILLO - Lycée SAINT CHARLES - Marseille - Année 2013


Introduction

Épreuves de spécialité en série littéraire Art Danse

Note de service n° 2012-038 du 6-3-2012

Les contraintes (réf aux textes officiels)


La vidéo présentée est un exemple de réponse à l'épreuve orale de la spécialité art-danse en série littéraire.

Partie orale de l'épreuve obligatoire : pratique et culture chorégraphiques

Le candidat interprète une composition chorégraphique originale qu'il présente brièvement et une improvisation en solo en temps limité à partir d'un sujet proposé.

La brève présentation souligne la démarche artistique engagée, qu'il s'agisse de celle de l'interprète ou de celle du chorégraphe. Les interprétations permettent au jury d'apprécier les compétences de danseur-interprète et de chorégraphe du candidat.


Œuvre en référence
Processus et thèmes de composition en lien avec ceux de Pina Bausch
Thématique du programme choisie
La danse entre narration et abstraction
Registre chorégraphique
Thanztheater
Modalité de composition
Collage montage
Thème traité
dénonciation des codes de séduction entre hommes-femmes
Contraintes
« Le candidat présente une composition chorégraphique de 2 à 3 minutes associant 1 à 4 danseurs (exclusivement partenaires habituels au lycée), avec ou sans accompagnement sonore. »
Compétence à évaluer
«Cette chorégraphie, préparée au cours de l'année scolaire, met en évidence la maîtrise des moyens choisis en rapport avec une démarche, la capacité à réinvestir des notions et structures identifiées dans le champ artistique. Si le choix a été fait d'un accompagnement sonore, le support en est fourni par le candidat ».
Lors de l’entretien le chorégraphe (le garçon) devra justifier
  • connaissance, maîtrise et mise en œuvre des éléments fondamentaux constitutifs du mouvement dansé
  • connaissance, maîtrise et mise en œuvre de différents langages de référence et logiques chorégraphiques
  • utilisation personnelle et critique des thèmes et processus issus des œuvres et courants étudiés


Pour saisir le propos
  • Dans la vidéo proposée, le récit est absent, aucune intrigue et dénouement sont perceptibles au premier abord. Nous ne sommes pas en présence d’une narration classique (lecture horizontale), mais l’écriture est cependant figurative (lecture transversale).
  • Le propos chorégraphique est en lien avec le thème récurrent et cher à Pina Bausch : Violence des rapports hommes/ femmes.
  • La lutte des sexes se décline sous formes de trois tableaux collés les uns aux autres. Ces tableaux traitent de cette lutte des sexes sans établir de liens entre eux a priori. Comme dans le « Théâtre dialectique » les relations de causes à effets, seront à réfléchir par le spectateur, le registre d’expression est dit pédagogique.

Présentation de la chorégraphie

Titre de la chorégraphie
  • "Comme un aimant"
Monde sonore
  • Binary mind
Argument
  • Puissance du désir, sublimation de l'amour, dénonciation des codes de séduction entre hommes et femmes, reflet de l’errance sexuelle. Cet espace d’émotions imbriquées se traduit par des lignes de courses frénétiques, une danse rapide et saccadée dans un lieu suspendu au dessus d’un plateau d’actions qui s’enchaînent, images fulgurantes qui échappent à la raison, mise en scène des affects, spirale de la violence.
  • Dès l’entrée du troisième protagoniste, le jeu de regards est intense annonçant le paroxysme des relations entre hommes et femmes. Le déséquilibre des sexes, invite le spectateur à partager une scène de déchirement entre deux femmes et un homme.
En résumé 
  • Les tableaux dénoncent les codes de la séduction comme pour la plupart des chorégraphies de Pina Bausch.
  • Les petits gestes anodins répétés par accumulation, expriment une vision pessimiste des rapports hommes-femmes.
  • Comme pour Pina Bausch, le chorégraphe (le garçon), rompt avec les formes de danse conventionnelles. La référence à Berthold Brecht est prégnante. Rompre avec l’illusion théâtrale et pousser le spectateur à la réflexion en développant son imaginaire, est le registre adopté par cet élève chorégraphe après avoir étudié le théâtre Brechtien. Celui-ci amène à se distancier du réel par mobilisation de la fonction symbolique. Il est donc important de savoir que Pina Bausch s’était nourrie des modalités de composition de cet artiste et avait rejoint résolument ce registre de composition dès 1976 après sa rencontre avec celui-ci.
  • Il s’agit pour cette pièce chorégraphique scolaire comme pour les œuvres de Pina Bausch, de situer la démarche de création dans le registre du « théâtre dialectique » instauré par Berthold Brecht, s’opposant au « théâtre dramatique » ou au « théâtre surréaliste » et même au « théâtre de la cruauté » (ref. Antonin Artaud). C’est le propre de la danse d’expression revisitée par Pina Bausch au filtre du Tanztheater.
  • Le chorégraphe, candidat au baccalauréat série L, spécialité Art Danse (coef 6), s’est réellement approprié des principes de composition de l’artiste de référence (collage-montage, registre du « Théâtre Dialectique », dénonciation des codes de séduction). Il a ainsi traité prioritairement une des thématiques au programme : « La danse entre narration et abstraction ».


Vidéo de la chorégraphie

Classe de Terminale (Lycée SAINT CHARLES - MARSEILLE) - Année : 2013




Ce qu’il faut voir dans la vidéo

Premier tableau :

Instauration d’un contexte de tension par une mise en place d’une violence partagée à deux puis à trois.

  • Le monde sonore utilisé renforce le propos en créant un environnement angoissant, interrogatif, il peint un paysage inquiétant et procure une certaine anxiété.
  • Les chaises sont là pour capturer l’attention du spectateur sur la mise en évidence d’un jeu de séduction basé sur une extrême violence ; ces éléments scénographiques font partie intégrante de la création.
  • Les gestes, confirment cette intention, comme pour faire monter les enchères de ce climat oppressant.
  • La gestuelle est réduite volontairement à un seul geste répété indéfiniment pour induire une pression par une montée grandissante des flux dynamiques rapides, explosifs, brusques, tendus.
  • Le déséquilibre des genres en présence, centre d’intérêt de la pièce, induit une relation de forces de laquelle se dégage un sentiment de désir de l’un pour l’autre et/ou de l’une pour l’un.
  • Flux dynamiques agressifs, petits gestes rapides et minimalistes s’enchaînent et interdisent d’entrevoir une relation de causes à effets, le spectateur se pose la question de l’absurdité de la situation.
  • A ce titre, l’emploi de répétitions nombreuses, saturent le regard du spectateur pour le pousser à bout au niveau de la tension nerveuse.
  • La scène dirige peu à peu la focale du spectateur sur la relation conflictuelle et passionnée entre un homme et deux femmes. Ceci est lisible dès le début avec des arrêts en pleine action d’une intensité significative suggérant ainsi une multitude de sens à attribuer à cette scène. Le contexte est posé.
  • L’intention forte des danseurs, l’intensité des regards, attestent d’une présence totale au mouvement. Les danseurs vivent la danse.
  • Les silences du garçon et des filles, notamment l’une d’entre elle sont forts de sensualité, son regard prolongé signe une attente interrogative et maintient le spectateur dans un questionnement de la suite à venir. Le spectateur est plongé dans l’action.

Deuxième tableau

  • L’espace est déplacé, on pourrait penser que l’homme fuit le problème devenu insupportable. Le conflit entre les deux femmes conduit à une nouvelle situation  sans lien apparent cependant.
  • Nouvelle situation : Expression de la femme fragile qui joue sur les affects. Dans ce tableau, nous retirons l’idée d’un besoin de la part de la femme, d’attirer l’attention de l’homme à elle seule amenant petit à petit celui-ci à une situation d’urgence. Le spectateur souffre de cette prise de risque.
  • Nous constatons que le traitement de l’espace scénique est soigné, la relation entre danseurs est riche. Les portés sont présents pour amener à un paroxysme que le spectateur pressentait comme inexorable et que le début de la chorégraphie annonçait.
  • Rien n’est laissé au hasard, la gestuelle n’est pas gratuite, et les silences forts de présence de la part des trois danseurs, contrastent pour mettre en relief cette gestuelle significative.
  • Nous assistons à une cohérence artistique visible grâce à une structure combinatoire entre les prises de risque, l’utilisation d’équilibres, de déséquilibres, complexifiant ainsi les actions simples mises en place pour aboutir à des images fortes, sortes de mise en examen de scènes psychologiques de « délires paranoïaques ».
  • Les mouvements utilisés n’apparaissent pas complexes si l’on se réfère aux prouesses dîtes techniques. Cependant la gestuelle « façonnée dans la matière dynamique des fondamentaux », rend compte d’une complexité de gestes plutôt minimalistes mais difficiles à mettre en œuvre dans l’expression du mouvement juste et l’ajustement spatiotemporel des déséquilibres simulés. Anticipation-coïncidence-ajustement entre les différents porters participent de cette dette de temps et de cette tension psychologique.

Troisième tableau

Les actions s’enchaînent, précipitation et frénésie donnent la couleur de ce tableau.

  • L’homme fuit ses responsabilités devant les problèmes des relations amoureuses comme devant la vie.
  • Fuite d’une des deux femmes qui abdique, préférant abandonner une situation devenue trop tendue.
  • L’homme ne parvient pas à faire un choix. Cette situation se lit à travers une gestuelle qui se joue de poids et de contrepoids.
  • Le désespoir de l’une d’entre elle, est exprimé à travers une poursuite de l’homme aimé et montre qu’elle était peut-être l’amour légitime. (réflexion du spectateur probable)
  • Nous comprenons que la femme blonde au début de la chorégraphie avait peut-être surpris, soupçonné une relation intime des deux autres personnages. Bref, des liens signifiants se tissent que le spectateur construit au fur et à mesure, un peu comme si la réunion des éléments en présence permettaient de se créer sa propre histoire selon les ajustements que le spectateur établit lui-même. Il n’ya pas d’histoire mais le spectateur en est l’auteur, il est au cœur de l’action.