Discussion

Boxe-française-Lycée-N3-Franck MARTINI

De Conservatoire EPS

Explications

Est-ce une situation en assaut ? Les frappes sont elles maitrisées ? Si oui, qu’est ce qui permet de le dire ?

C’est une situation d’assaut. Les touches sont contrôlées (impact auditif). On peut avoir l’impression d’une certaine tonicité mais il s’agit d’un travail de recherche encore maladroite de vitesse, sans force appliquée (cf courbe force-vitesse en physique). De plus le travail en rebond de la touche n’est pas accentué (pas de propagation d’onde de choc recherchée). Mais effectivement, c’est une excellente question qui peut surprendre le professeur qui débute dans l’activité: la recherche de la vitesse et le manque de dissociation font que certaines touches partent parfois jambes peu armées chez le tireur le plus grand, et apparaissent plutôt toniques. Mais il faut comprendre que la gestion de l’opposition se fait ici dans la dualité, c’est à dire en fonction de la perception des possibilités de l’autre. Ici, les deux doivent s’engager pour prendre le meilleur. Je vais y revenir plus loin.

Y a-t-il un respect de l’intégrité physique des élèves ?

Oui, mais cela demande un niveau assez précis d’évaluation sensible de la situation. Ce travail est possible avec des élèves qui ont développé un sens défensif au préalable (ils ont été évalués à 15/20 et 16/20 au terme de l’apprentissage en première, il s’agit donc d’une image de la compétence en cours d’acquisition au niveau 15 et 16). Le fait d’avoir deux individus de même niveau implique une vitesse plus élevée et des feintes pour déborder l’autre. Il y a une gestion du « risque » évidente par les élèves, mais les erreurs ne sont pas des sanctions douloureuses. Certes les touches ne sont pas forcément agréables si la garde n’est pas construite (comme un plaquage en rugby par exemple) mais il faut comprendre qu’elles sont toujours liées à un niveau de pratique (ne pas respecter l’intégrité serait opposer deux élèves de niveau différent où l’un des deux pourrait être en difficulté parce que vraiment moins compétent notamment en défense).

Les touches sont le résultat d’une prise de risque tactique recherchée par l’élève pour l’emporter ou pour marquer des points. Il ne subit pas ! Aucun des deux. Ils recherchent ensemble ce niveau d’engagement. L’un ne boxe pas au détriment de l’autre. Il s’agit d’une pratique de combat et la valeur pédagogique de la discipline est bien dans ce rapport entre la prise de risque (euphémisé) et un certain confort (simulacre). C’est ce niveau d’engagement qui fait glisser le curseur de la prestation. J’ai choisi cet exemple car les élèves, même très bons amis, ne font pas ici de la « boxe-simulacre ». Ils sont là pour chercher à prendre le meilleur dans le respect des règles d’un sport qui est forcément conflictuel dans son essence. Et je trouve que cela est très bien géré par eux.

Certaines séquences atteignent la limite du curseur, c’est à dire qu’un engagement supérieur doit être modéré par l’arbitre : une demande de baisse d’intensité doit être imposée tout en diluant l’aspect dramatique afin de détendre les protagoniste, pour leur donner confiance dans leur capacité à gérer par eux-mêmes la situation (accès à une autonomie réelle dans la gestion du risque physique).

Le fait d’être observé et jugé dans une situation d’opposition dans laquelle on en va pas forcément être systématiquement en réussite est une compétence fondamentale en savate CP5 !

Qui assure l’arbitrage ? Les élèves ou le prof ?

Sur la vidéo, c’est le prof qui filme qui assure l’arbitrage. Le but était de proposer un exemple de ce qui est possible d’atteindre en savate avec des élèves toniques (notamment des situations où des élèves s’engagent résolument pour gagner). Mais le fait d’être filmé et de conserver le film comme élément de travail avec les autres élèves d’autres classes, impliquait peut-être que les protagonistes allaient s’engager davantage : il était donc utile que je puisse filmer et contrôler l’assaut de manière à faire ressortir les éléments importants.

Mais surtout, en n’étant pas arbitre, je ne peux pas filmer en étant au cœur de l’action ! C’est la première raison qui fait que le prof arbitre…