Voir la source de Danse-Lycée-N5-Viviane CIRILLO

{{Signature contribution
| nom=CIRILLO
| prénom=Viviane
| e-mail=viviane.cirillo@ac-aix-marseille.fr 
| établissement=Lycée SAINT CHARLES
| ville=Marseille
| année=2013
}}


== En quoi les éléments scénographiques sont-ils pertinents au regard de l’argument de la chorégraphie ? ==

''Les éléments scénographiques utilisés par l’interprète (vêtements, argile), sont en cohérence avec l’argument car l’interprète prend le soin de se déshabiller pour laisser apparaître des parties majoritairement nues. Ainsi, la chair sera directement en contact avec la terre que la danseuse étale sur elle dès le début de son solo. Son propos chorégraphique - à lire dans l’explication avant la vidéo- énonce ce rapport sensible de la terre à la chair, dans une volonté de renouer avec la nature en désignant les sens (ici le toucher) comme principe directeur d’un retour aux sources. (Le titre met sur la piste pour un des sens).''

== Quel est le vécu de l’élève ? ==

''L’élève a vécu quasiment deux années scolaires d’enseignement facultatif EPS Danse en 1<sup>ère</sup> et terminale (2h/semaine). ''

== Quels sont les outils pour juger de la cohérence entre le projet annoncé et la production chorégraphique ? ==

=== Approche méthodologique de la grille ===

La cohérence entre le projet annoncé et la production chorégraphique relève de la compétence de chorégraphe. Juger de cette compétence consiste à mobiliser par l’intermédiaire de la grille d’évaluation de l’option facultative EPS Danse les indicateurs permettant d’attester d’un niveau de compétence propre au rôle de chorégraphe. Ils sont au nombre de quatre&nbsp;:

* «&nbsp;'''Lisibilité et développement du propos chorégraphique'''&nbsp;» (indicateur 1)

* «&nbsp;'''Traitement de l’espace scénique (directions, trajets, niveaux, orientations…)'''» (indicateur 2)

* «&nbsp;'''Utilisation d’éléments scénographiques (monde sonore, costume, décor)'''&nbsp;» (indicateur 3)

* «&nbsp;'''Gestuelle adaptée au propos chorégraphique&nbsp''';» (indicateur 4)


Pour donner un exemple, nous allons appliquer à la production vidéo, les critères qui indiquent le niveau le plus élevé c'est-à-dire un ''« propos poétique&nbsp;» attribuant entre 6 et 8 pts à la composition&nbsp;:''

* '''Eventail riche et combiné des principes de composition''' (indicateur 1)
* '''L’Espace scénique étaye le propos artistique''' (indicateur 2)
* '''Eléments scénographiques signifiants''' (indicateur 3)
* '''Gestuelle singulière, cohérente au propos''' (indicateur 4)


Analyse et mise en tension des critères déterminant la cohérence du propos énoncé avec la production chorégraphique :


==== 1 «&nbsp;Eventail riche et combiné des principes de composition&nbsp;»&nbsp;:  ====

La candidate utilise des procédés de construction ciblés pour mettre en relief sa gestuelle animale caractéristique&nbsp;: répétition, accumulation, duplication. Elle ne s’éparpille pas en multipliant gratuitement les procédés. Elle utilise ceux-là parce qu’ils permettent de créer une redondance visuelle du rapport animal et sauvage, et conduit le spectateur à vivre chaque geste d’une manière sensible et authentique. Le rapport à la nature est privilégié par la mise en relief que provoquent ces procédés de construction.


==== 2 «&nbsp;L’Espace scénique étaye le propos artistique&nbsp;» ====

La danseuse propose une partition spatiale simple et sobre qui semble avoir été élaborée pour que la lisibilité gestuelle soit facilitée. La priorité est donnée à la mise en relief d’une gestuelle sensible qui privilégie le rapport à la nature (analysé plus bas). Ainsi, les lignes spatiales de déplacement sont volontairement épurées. Une ligne de fuite en diagonale et une utilisation de couloir de la face, accentuent par ses allers et retours, le relief gestuel que la danseuse veut rendre signifiant. (Animalité, force, tension, relâchement).

L’espace scénique est donc non seulement lisible mais aussi et surtout en cohérence avec le propos que veut développer la candidate.


==== 3 «&nbsp;Eléments scénographiques signifiants&nbsp;» ====

Les éléments scénographiques utilisés sont l’argile contenue dans un pot en terre cuite et des vêtements que la danseuse enlève. Ils ont été choisis parce que l’argile ou la terre rappelle selon la candidate le rapport à la nature.

La danseuse se dévêtit pour laisser apparaître le plus de surface possible de sa chair et la mettre en contact direct avec la terre. Nous pouvons voir au début de la vidéo, que la danseuse étale l’argile sur presque toutes les parties de son corps. Elle pose un contexte poétique qui introduit le discours développé pendant la chorégraphie. L’argument que propose la candidate (donné aux membres du jury avant la prestation), indique sa volonté de renouer avec la nature par la désignation des sens comme principe directeur d’un retour aux sources, nous sommes donc en mesure d’établir des liens avec les éléments scénographiques qui deviennent signifiants dès lors que nous comprenons que l’expérience sensorielle est au cœur du mobile de création.

==== 4 «&nbsp;Gestuelle singulière, cohérente au propos&nbsp;» ====

Le candidat utilise une gestuelle significative de la relation à la terre par un ancrage fort au sol, en effet, les sauts mettent l’accent vers le bas à chacun d’entre eux, au lieu de rechercher l’élévation.


<u>'''Formes gestuelles'''</u> (formes anguleuses, arrondies, stylisées selon une technique reconnue…)

Les gestes sont singuliers et personnels, proches d’une animalité, nous pouvons le remarquer car sa motricité ne fait pas appel à un vocabulaire de répertoires connus et/ou stigmatisés, même si nous remarquons que des qualités techniques sont présentes par une organisation de gestes paramétrés en synchronisme, ou en dissociation.


'''<u>Facteurs du mouvement</u>''' (suspension, déséquilibre, équilibre, chute, poids, contre poids….)

Les facteurs du mouvement (maîtrisés) déterminent par une volonté dynamique, une intentionnalité forte d’ancrage à la terre, pour créer un jeu de communication avec le spectateur (poids et contre poids dans le rapport au sol, suspension, équilibre-déséquilibre-chute).


<u>'''Fondamentaux du mouvement'''</u> (espace-temps-énergie ou qualités dynamiques)


L’utilisation des qualités dynamiques atteste par mesure de renfort, de moments explosifs, ralentis ou hachés définissant une gestuelle singulière aux couleurs primitives. En effet, la danseuse joue avec les contrastes de temps et d’énergie pour renforcer l’effet que peuvent procurer certains mouvements. Ce choix de qualités dynamiques variées semble pertinent pour surprendre le spectateur et l’emporter dans une symbolique relative à un retour à la nature, aux sources, à un état primitif. Le climat chorégraphique est donc opposé à un contexte poétique élégant, éthéré, gracieux qui attesterait d’une beauté plus artificielle certes intéressante, mais qui ne serait pas cohérent au propos choisi.

Le parti pris artistique rejoint ici l’éveil des sens dirigeant la réception esthétique du spectateur par un jeu de communication, vers une réflexion sur un monde chargé de significations élémentaires, basiques, primitives.

== Comment le thème est-il intégré dans l’évaluation ? ==

=== Eclaircissement des différents termes relatifs au «propos chorégraphique» ===

D’une manière générale, nous pensons qu’il est préférable de parler de propos ou d’argument. Un thème fait souvent appel selon un imaginaire collectif, à la narration ou à un récit mais aussi au domaine des sentiments (paix, joie, tristesse, colère etc.). Ce qui par ailleurs est très intéressant et possible mais réducteur, compte tenu de l’éventail des possibilités.

Le propos peut parfois être abstrait et avoir un rapport avec des modalités de composition en lien avec des principes aléatoires ou à des préoccupations plus philosophiques ou techniques.

Citons l’exemple d’un argument qui traiterait pendant toute la chorégraphie de la problématique «&nbsp;chutes/rétablissement&nbsp;», argument qui a été souvent utilisé chez Doris Humphrey, figure emblématique dans l’histoire américaine de la «&nbsp;modern dance&nbsp;» (1<sup>ère</sup> moitié du XXe siècle).

D’autre part, le propos choisi peut aussi être en lien avec une logique indéterminée comme le mode aléatoire qu’empruntait Merce Cunningham, autre figure emblématique de l’histoire de la «&nbsp;post modern dance&nbsp;» (2<sup>nde</sup> moitié du XXe siècle).

Ces arguments sont moins faciles d’accès qu’un propos qui aurait comme préoccupation principale la relation problématisée entre hommes et femmes, argument souvent usité par Pina Bausch, figure emblématique de la «&nbsp;Danse-Théâtre&nbsp;» en Allemagne (Fin du XX e siècle, début XXIe).


=== Réflexions et réponse sur la prise en compte du propos chorégraphique dans l’évaluation. ===

Pour répondre à la question, Il est clair que ce large éventail possible de propos chorégraphiques à choisir par les candidats, amène généralement à une confusion de sens et la prise en compte du «&nbsp;thème&nbsp;», propos, argument, par les membres du jury, génère des problèmes. En effet, l’argument n’est pas toujours décelable dans une analyse hâtive ou pas de la composition. Doit-on reconnaître l’argument proposé&nbsp;? Le discours est-il en rapport avec le titre de la chorégraphie ou du propos énoncé&nbsp;?

Il arrive parfois que les membres du jury soient confrontés à ces questions et demeurent perplexes car ils ne trouvent pas dans la composition des éléments qui lui permettent d’établir un lien avec ce qu’ils voient.

L’entretien qui suit l’épreuve pratique, sert précisément à éclairer les membres du jury à ce sujet, le propos chorégraphique est pris en compte dans l’évaluation de la chorégraphie selon une logique de cohérence avec l’écriture chorégraphique.

L’entretien est donc essentiel pour établir cette cohérence a posteriori, si la lecture et l’analyse du solo n’ont pas été très éclairantes. Il arrive parfois selon le propos choisi par le candidat que les membres du jury ne perçoivent pas la finesse de celui-ci dans l’écriture chorégraphique, cependant, l’inverse peut être vrai aussi; des procédés de construction sont présents, les gestes sont paramétrés, il y a bien des éléments scénographiques, le jeu de communication avec le spectateur est très fort mais aucune cohérence n’est révélée ni par l’entretien ni au cours de la lecture du solo. Il arrive parfois que des candidats utilisent des ingrédients qu’ils savent incontournables pour entrer dans la grille et plaquent ainsi des éléments d’écriture de manière gratuite n’offrant aucun lien avec un argument éventuel.

En conclusion, le jury n’est pas obligé de repérer sur le vif le sujet du propos énoncé. L’entretien va lui permettre d’étayer ce qu’il a vu et d’éclaircir certains points de réception restés nébuleux ou mal compris.

=== Les questions que peuvent poser les membres du jury au candidat, peuvent être celles-ci&nbsp;: ===

* Quels sont les outils de construction qui ont permis de renforcer le propos&nbsp;?

* Quels modes ou registre de composition sont employés pour énoncer le discours poétique ? (scénario, couplet-refrain, variation sur thème, cortex abstrait, modalités accumulatives…) Autant de modalités possibles que de candidats-chorégraphes).

* De quelle manière les principes de la création sont utilisés pour renforcer l’argument (éléments scénographiques, rapport à l’espace scénique, formes gestuelles….)&nbsp;?

* Quels sont les paramètres du mouvement et pourquoi sont-ils utilisés&nbsp;? (Espace, temps, nuances dynamiques)

Si la cohérence est établie à l’issue de l’entretien, alors le jury qui aura les clés de la compréhension du propos, pourra établir la pertinence, si toutefois c’est le cas, des outils et paramètres utilisés et saura nécessairement comment prendre en compte le propos dans l’évaluation du chorégraphe. Pour cela il pourra se référer à la grille si besoin est.

La réponse à la question 3, participe justement à une simulation d’analyse chorégraphique en lien avec le propos énoncé par la candidate. L’entretien qui s’en est suivi a permis de mieux identifier certains outils de création et de renforcer l’avis que les jurys avaient sur la pertinence de ces outils. (cf. question/réponse n°3)




{{Signature contribution
| nom=NEULET
| prénom=Sandrine
| e-mail=sandrine.neulet@ac-aix-marseille.fr 
| établissement=Lycée MENDES FRANCE
| ville=Vitrolles
| année=2013
}}

{{Signature contribution
| nom=VALOFF
| prénom=Nadia
| e-mail=nadia.valoff@ac-aix-marseille.fr 
 | établissement=Lycée MENDES FRANCE
| ville=Vitrolles
| année=2013
}}