Musculation-Lycée Professionnel-N4-Scénario Enseignement-Renaud PIROZZELLI

De Conservatoire EPS


Renaud PIROZZELLI - Lycée Professionnel Le Chatelier - Marseille - Année 2016


Des ressentis plutôt que des charges MAX

Le calcul de charge max (ou 1RM) nous semble être un écueil dans l’enseignement de la CP5 en lycée professionnel. Nous avons constaté une estimation trop souvent erronée de cette charge par les élèves. Les élèves par la suite ont du mal à manipuler les pourcentages et à se représenter ce que peut être cette référence à la charge max.

Confronté à cette difficulté nous faisons une proposition de scénario d’enseignement dans laquelle nous nous affranchissons des charges max au bénéfice d’un travail sur les ressentis des élèves. Par ailleurs il nous semble que ce travail sur les ressentis favorise le dépassement des élèves qui jouent avec leurs sensations. Ceci les prépare aussi mieux à un investissement physique futur, par l’intériorisation des expériences vécues, ce qui va dans le sens de la logique de la CP5.

Une réelle personnalisation de l’entraînement des élèves

Si nous voulons que les élèves s’investissent dans nos cours et plus tard il faut aussi qu’ils puissent choisir un type d’entraînement qui corresponde à leurs goûts. Dans cette mesure nous avons fait le choix de démultiplier les choix proposés aux élèves et de leur proposer des outils leur permettant de réguler simplement à partir de leurs sensations leurs entraînements personnalisés.


Compétence propre 5 

Réaliser et orienter son activité physique en vue du développement et de l’entretien de soi.


Compétence visée dans le niveau N4 :

  • Prévoir et réaliser des séquences de musculation, en utilisant différents paramètres (durée, intensité, temps de récupération, répétition…), pour produire sur soi des effets différés liés à un mobile personnel.


Classe de Terminale Bac Professionnel Métiers de l'Administration (Lycée professionnel Le Chatelier - Marseille) - Année : 2016


Pour alimenter la discussion sur cette contribution, vous devez envoyer vos remarques par mail à l'auteur : renaud.pirozzelli@ac-aix-marseille.fr

Après réponse de l'auteur, cet échange sera formalisé et prendra place sur cet onglet.


  • Comment s’organise grossièrement ton cycle ?

Voici comment s’organise globalement le cycle :

En leçon 1 : je leur explique le cycle et les attendus puis je leur donne une fiche avec un certain nombre d’ateliers présents dans la salle. Ils réalisent un circuit d’atelier en atelier avec des périodes de travail de 20s en doublette. Les charges sont des charges légères ou raisonnables car les charges lourdes dégradent la gestuelle des élèves. Sur la fiche les ateliers sont expliqués et figurent 4-5 items à valider. L’observateur valide ces critères. Ceci me permet de travailler sur la façon d’utiliser les appareils, sur la justesse du geste à réaliser et sur la sécurité. (exp développé/couché : l’observateur valide : barre au-dessus de la poitrine ; poussée symétrique ; souffle quand je pousse, jambes relevées ; nb : dans mon lycée il y avait un appareil en charge guidée sans possibilité d’écrasement de la poitrine encas de lâcher de barre, donc pas de contenus sur la parade)

En leçon 2 : Je demande aux élèves de faire un choix de projet personnel en les aidants sur la réalisation de ce choix. Je pars de leurs préoccupations personnelles et je les guide dans leurs choix. Si certains sont en panne d’idée j’essaie d’orienter leurs réflexions sur le domaine professionnel qui correspond à leur filière. Une fois qu’ils ont choisi leur problème personnel et le type de travail s’il y a lieu d’être, ils choisissent les ateliers adaptés à leur projet. Ils ne passent pas sur tous les ateliers. Ce qui m’intéresse c’est qu’ils choisissent.

Ensuite sur ces ateliers ils vont déterminer leur charge verte (charge d’échauffement) et la charge qui correspond au travail qu’ils ont choisi (puissance : rouge, volume orange…) et ne chercherons pas les autres couleurs de charge. D’une part car ils n’en auront pas besoin, d’autre part pour gagner du temps. Une fois qu’ils auront identifié toutes ces charges ils pourront réaliser leurs programmes personnalisés.

Les séances suivantes : Ils vont réguler à l’aide de leurs sensations et des fiches qu’il y a dans l’onglet téléchargement leur travail par essaie erreur.

  • Fais-tu éprouver toutes les « couleurs/ sensations » à tes élèves avant qu’ils choisissent leur objectif ?

Je ne leur fais pas essayer différents types de programme afin de permettre aux élèves de se déterminer. Je sais que beaucoup de collègues procèdent ainsi. Mais les élèves font alors un choix en fonction des sensations éprouvées avec tel ou tel type de travail. Ce n’est pas comme ça que je conçois le cycle. Pour moi ils doivent partir de leurs problématiques personnelles, de leurs besoins. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’ils feront un choix sur le type de travail choisi si c’est possible. Par exemple : l’élève qui choisit de développer sa puissance musculaire en rapport avec un la pratique d’un sport n’aura pas le choix du type de la façon à travailler. Il prendra le type de travail qui correspond à sa préoccupation. Par contre celui qui voudra perdre du poids pourra le faire avec un travail en puissance ou avec un travail long à faible intensité comme je l’explique dans la vidéo. Il aura alors le choix à ce moment-là. Mais il doit partir de son problème personnel.

  • Un élève peut-il choisir un nouvel atelier en cours de cycle?

Normalement il aurait déjà dû identifier en leçon 2 qu’il voulait travailler cet atelier. Donc ce cas de figure ne devrait pas se présenter. Ceci dit, un élève peut comprendre qu’il a fait fausse route et réajuster son programme pour l’améliorer et s’apercevoir qu’il aurait dû travailler cet atelier. A ce moment-là je pense qu’il doit reprendre les étapes que j’énonce plus haut en accéléré : recherche de sa couleur de charge et de la charge verte pour cet atelier ; ébauche d’un programme qui sera affiné par la suite par la pratique et le retour sur les sensations éprouvées.

  • Pour ta leçon 1, ce sont les élèves qui choisissent leur charge légère ou c’est toi qui impose ?

Ce sont les élèves qui choisissent. La consigne est de prendre une charge légère avec laquelle je dois pouvoir travailler 20s sans me fatiguer. Au besoin je les guide. Si un élève hésite je lui dis : « mets 10 ou 5 » en fonction du groupe musculaire et de l’élève.

  • 20 secondes c’est très court non ?

Oui c’est court mais ça suffit à l’observateur pour prendre de l’information. Ce qui m’intéresse c’est l’échange pas la charge de travail. Ils peuvent faire plusieurs fois 20s avec un réajustement en fonction de l’observation.

  • Combien imposes-tu d’ateliers sur ta L1 et de fait ton cycle ?

J’impose 9 ateliers, mais ma contrainte est plus une contrainte temporelle. C’est ce que j’arrive à faire sur une séance avec les régulations. Je sélectionne les ateliers les plus « délicats de la salle ». Soit pour des raisons de sécurité, soit parce qu’ils demandent une gestuelle particulière. Exemple : sur le travail des triceps les élèves ont tendance à ne pas descendre assez bas leurs avant-bras, je les sensibilise directement à ce problème. Mais les élèves ne travailleront pas forcément sur ces ateliers plus tard. En effet S1 = sensibilisation à la sécurité et à la bonne gestuelle. Ce n’est qu’en S2 qu’ils font un choix en fonction de leur projet personnel et donc qu’ils choisissent les ateliers les plus adaptés.

Pendant le cycle je leur demande de travailler sur 8 ateliers.

  • Est-ce que ton élève qui veut perdre du poids peut choisir en L2, L3 la façon intensité légère et effort long et en L4 la version puissance qui grille des calories ?

Normalement non. Un élève construit un projet personnel, choisi un type de travail et doit s’y tenir. Maintenant il faut leur donner le droit à l’erreur. Si un élève s’aperçoit au bout d’une ou 2 séances qu’il s’ennuie avec le travail long et peu intense, je peux l’autoriser à changer de type de travail. L’idée c’est de lui permettre de faire un cheminement personnel qui le mène à la fin à un travail personnalisé qui corresponde à ses gouts et à ses préoccupations. Par contre il faut lui dire qu’il ne se met pas en situation facilitante car il devra rattraper le temps perdu à travailler en long et peu intense. Il faut aussi lui dire qu’il n’y a pas d’intérêt à faire une séance de chaque type de travail. Ce ne sont pas les même modifications physiologiques qui sont en jeu et on ne maigri pas pour la même raison. Si dans sa vie future il veut perdre du poids il devra décider d’un type de travail et s’y tenir par la suite.

  • Les élèves choisissent leurs ateliers. Ok mais combien ? Imposes-tu certains ateliers ?

Je demandais de travailler sur 8 ateliers. Je n’imposais que ce que les textes me donnaient comme contrainte. Mais les textes ont changé depuis, la vidéo date de 2016 et je ne suis plus en lycée depuis. Il faut que tu voies avec les nouveaux textes.

  • Tu écris « Ensuite sur ces ateliers ils vont déterminer leur charge verte (charge d’échauffement », c’est normalement la charge de la L1, non ?

Pas forcément. En L1 la charge est choisie arbitrairement. La charge verte est choisie en L2 en fonction de sensations à rechercher. En L1 ils pourraient être en verte ou bleu par exemple.

  • Quid des abdos/ lombaires … tu détermines tes couleurs comment, au nombre de répétitions pour du dynamique et au tps pour du statique ?

J’avais une salle équipée uniquement avec des appareils à charge guidée. Je n’avais rien pour travailler les lombaires et un atelier abdo à charge guidée. Je travaillais donc tout en dynamique et ne faisais aucun travail statique. Tu remarqueras d’ailleurs que mes propositions ne sont orientées que sur le travail en répétition. Mais il me semble toutefois que la logique de ce que je propose peut facilement être réinvestie sur du travail statique. Il te reste à élaborer une échelle de ressenti qui permettent aux élèves de savoir quel est leur temps d’effort et avec quelle charge en travail statique.

On s’aperçoit ici que le contexte d’enseignement influence vraiment les propositions en musculation. Suivant ton matériel il faudra donc forcément adapter mes propositions. Je pense que ça met d’ailleurs en relief une des limites de ma proposition et quelle mériterais d’être enrichie par les réflexions de collègues qui ne travaillent pas dans les mêmes conditions matérielles que moi.